Trois ans et deux mois après sa défaite devant l'Américain Vivian Harris, pour le titre WBA des super-légers, Souleymane M'Baye (31 ans, 35 victoires dont 20 avant la limite et 1 défaite) vient d'atteindre un des buts de sa carrière, en conquérant cette même couronne mondiale, lors d'une belle victoire sur l'Argentin Raul Balbi, samedi soir au Reebok Center de Bolton (Angleterre). Fatigué mais heureux, il nous a accordé ce court entretien lors de son retour à Levallois. CC : Souleymane, quel est votre état d'esprit, 36 heures après cette victoire ? SM: Ce matin, je n'arrive toujours pas à vraiment réaliser que j'ai gagné ! C'est quand je suis venu au bureau, voir Dominique (NDLR: Dominique Georges, chargé de la communication des sports à Levallois), quand j'ai croisé tous ces gens dans la rue, qui m'arrêtent pour me féliciter, quand je vois leur sourire et leur bonheur, je commence à comprendre... CC: Cette victoire a récompensé un combat court, mais plein, où vous avez fait peur à vos supporters... SM: Effectivement ça a été un gros combat, et Balbi n'était pas venu pour plaisanter. Mais à la finale, je suis moi aussi un Français champion du monde ! CC: Revenons un instant sur cette première reprise, comment l'avez-vous vécu ? SM: J'ai été touché mais j'étais lucide, mes jambes ne répondaient plus, je ne pouvais pas tourner. Alors j'ai choisi de rester près des cordes et de bien lever les bras pour tenter de laisser passer l'orage. CC: Vous étiez conscient de ce qui se passait ? SM: Tout à fait, j'ai même pensé au désastre, que l'histoire se répétait après Vivian Harris. L'expérience c'est aussi ça, savoir gérer les situations difficiles. CC: Le round suivant, vous vous transformez en puncheur alors que vous êtes plutôt un styliste... SM: Ce direct du droit et la puissance qu'il y avait dedans, ce n'était pas un hazard. J'avais précisemment travaillé le punch à l'entraînement et ça a d'autant mieux marché que personne surtout pas Balbi ne s'y attendait ! CC: Vous vous êtes parlé après le combat ? SM: Oui, il m'a félicité en espagnol, mais il était très déçu, il est vraiment passé très près d'une grosse victoire au premier round et il se retrouve battu avant la limite... ça fait mal. CC: Que représente ce titre mondial pour vous ? SM: J'espère que c'est le début d'une grande aventure... CC: La fin des galères ? SM: Non, certainement pas, les galères elle restent, je ne les oublierais jamais. Mais c'est aussi grâce à elles que je viens de réaliser mon rêve...
Christian Chataignier, le 04 Septembre 2006 |